Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/193

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Et cependant, Jud comprend qu’il lui faut jouer un va-tout.

Brusquement, il sort de l’ombre où il s’est tapi jusque-là. À sa vue, les bandits se mettent en défense avec un grondement étouffé.

Mais le gamin a un sang-froid que rien ne saurait démonter… Puis, sa vie errante l’a sans doute blasé sur les rencontres semblables.

— N’ayez pas peur, gentlemen, ce n’est pas un ennemi, c’est un bon compagnon de plus.

Il s’est placé en pleine lumière. Sa taille, sa jeunesse rassurent ses interlocuteurs. Pourtant, Jetty grommelle d’un ton peu rassurant :

— Nous n’avons aucun besoin de ta compagnie, mon garçon…

— J’en suis certain, reprend aussitôt Jud ; mais, moi, j’ai besoin de la vôtre…

Tous deux ricanent à la réplique audacieuse de ce gamin, que chacun suppose pouvoir écraser d’une chiquenaude.

— Et tu prétends nous imposer ta convenance, peut-être ?

L’accent ferait frémir quiconque l’entendrait. Seulement, Jud sait qu’il joue un va-tout, et il riposte en souriant :

— Parfaitement…

— Prends garde… commencent Jetty et Tom d’une même voix…

— À quoi ? Si vous faites un pas vers moi… j’approche de mes lèvres le sifflet que je tiens à la main, et j’en tire une telle musique que j’attirerai tout le personnel de la prison… Vous n’avez pas acheté la complicité de tout le monde, n’est-ce pas ?… Alors, vous comprenez…

Les bandits sont stupéfiés par cette déclaration, faite avec le plus grand sang-froid. Et comme malgré lui, Jetty demande :

— Que veux-tu donc, entêté moucheron ?

— M’évader avec vous, c’est bien facile à comprendre.

— Et qu’est-ce qui te fait croire que nous pensons à nous évader ?

Du coup, Jud se met à rire de bon cœur.

— Je pourrais vous répondre qu’il n’est point d’usage de se laisser glisser au moyen d’une corde le long d’un mur de cinquante pieds, quand on souhaite simplement goûter les charmes de la pro-