Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/201

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raient. Il est certain que, bien qu’ils eussent mal tourné, ils n’en étaient pas moins bien nés.

En avalant sa dernière bouchée, Jud avait appris tout cela. Les noms de ceux auxquels il s’était volontairement mêlé, étaient classés dans son esprit, ainsi que la nationalité et le caractère de chacun.

Jetty s’aperçut que l’enfant ne mangeait plus.

— Eh ! mon jeune coq, votre faim est-elle apaisée ?

— Ma foi oui, et j’en suis surpris. J’aurais cru pouvoir dévorer infiniment, tant je sonnais creux.

Les bandits daignèrent sourire ; Jetty leur dit avec satisfaction :

— Vous le voyez, c’est de la bonne graine pour le métier.

Puis, se retournant vers le gamin :

— Approche, vieux petit grillon, je vais te présenter à ces honorables gentlemen.

— Bien volontiers, fit modestement l’interpellé ; tandis que je déjeunais, je me suis rendu compte qu’ils se sont réunis, ayant comme point de départ tous les coins du monde. Et je suppose qu’il est intéressant de travailler auprès de gens qui ont fait tant de chemin pour s’associer.

Jetty fit les présentations en règle, veillant à ce que Jud serrât la main de chacun des assistants.

La cérémonie terminée, Foorberg grommela :

— Dis donc, puceron, tu vas répondre à une question.

— Bien volontiers, seigneur tonneau, riposta sans hésiter le gamin.

L’Allemand fronça le sourcil, tandis que Jetty et Tom s’esclaffaient, entraînant au rire les autres assistants.

Sacrament ! gronda Foorberg ; est-ce ainsi que tu démontres ton respect pour des gens qui t’honorent en te recevant dans leur société ?

Avec un sourire, le petit riposta aussitôt :

— Le respect n’a rien à voir là dedans. Vous m’avez paru très glorieux d’être plus gros que moi. J’ai voulu vous montrer que je le voyais aussi.

— Eh bien, puisque tu as de bons yeux, je t’engage à voir que je suis un homme qui t’écraserait d’une pichenette.

S’il avait pensé terrifier son interlocuteur, Foorberg dut être désagréablement déçu par l’événement. Jud se prit à rire aux éclats. Et l’Allemand, irrité, lui ayant demandé rudement :