Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/232

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Alors, Jud prend le parti de vivre seul. Lilian est mise en pension, en Floride ; il réside à New-York, lui, ne paraissant aux yeux de sa protégée qu’à de rares intervalles.

Maintenant, une souffrance s’est ajoutée à toutes les autres. Il comprend qu’il aime celle qu’il appelle sa sœur. Il faut qu’elle ait d’autres protecteurs que lui.

Au concours, il a obtenu le titre de professeur, à l’école militaire de West-Point… Il peut ainsi aborder M. Loosevelt, lui confier sa triste histoire.

Sur ces entrefaites, le bruit commence à se répandre discrètement qu’une agence européenne aurait trouvé une piste sérieuse, que l’on espère voir aboutir à la pauvre mignonne, naguère disparue à Agua Frida.

Frey prépare l’apparition d’une fausse Lilian.

La lutte suprême s’engage. Au sénat, la première escarmouche a eu lieu.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ici finissaient les pages substituées à celles que Jud avait remplies, sans doute en termes plus modestes que son historiographe.

Les lignes suivantes étaient de son écriture. Elles contenaient ceci :

« Maintenant, Lilian Pariset, vous connaissez celui qui se para si longtemps du nom de frère.

« Il le fit, non par vanité, non pour s’arroger une autorité sur vous, mais pour vous défendre, pour faire de vous la jeune fille accomplie que vous êtes.

« Il savait bien que, le moment venu, il arracherait comme un masque cette fausse fraternité imposée par les circonstances.

« L’heure triste a sonné.

« Il ne reste plus en face de vous, miss Lilian, qu’un enfant trouvé, qui s’est élevé quelque peu, grâce à vous.

« Vous lui avez enseigné l’affection. Vous lui avez épargné l’amertume de l’existence solitaire. Vous lui avez été une famille, un réconfort, un devoir.

« Jamais il ne vous sera assez reconnaissant.

« Pardonnez-lui d’avoir usurpé durant tant d’années ce titre sacré de frère, et songez qu’un chevalier du ruisseau, tel que lui, ne soupçonnait pas les délicatesses que l’éducation développa trop tardivement.

« Oubliez une familiarité indigne de vous. Ne voyez plus désormais en Jud Allan que ce qu’il est réellement :