Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/261

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de race blanche qui ait forcé mon estime, mais peu importe mon sentiment. Dans la balance des intérêts en jeu, un homme, même exceptionnellement loyal, ne représente qu’une quantité négligeable.

Frey écoutait, glacé par le cynisme tranquille que la passion de race imprimait au discours de cette femme charmante.

— Donc, voici en quoi nous raisonnons de même. Passons à présent au… détail sur lequel nous différons d’appréciations. Vous désirez que miss Linérès soit reconnue héritière des biens des Pariset, par les lois de l’Union et par celle du Mexique. À nous, il suffit qu’elle soit légalement reconnue en vertu de la seule jurisprudence mexicaine.

— Comprenez donc, commença Frey Jemkins…

— Toute discussion serait inutile, modula gentiment la Chinoise. Avant de vous venir voir, j’avais eu soin de vous pouvoir placer en face du fait accompli.

Il se mordit les lèvres.

— Que prétendez-vous insinuer par cette déclaration ?

— Ceci. La nuit dernière, j’ai fait enlever miss Linérès. Elle a été conduite à bord d’un steamer qui stationnait sur le Potomac. Elle navigue à présent vers le Mexique. Dans quelques jours, elle sera à Agua Frida !

— Par Satan !…

Elle coupa le Juron à demi prononcé.

— Pourquoi dépenser votre souffle en exclamations malsonnantes ? Ce qui est fait est fait, et nous sommes trop au courant de vos actions pour que vous tentiez de résister. Au surplus, de quoi s’agit-il ? De palper un peu plus tôt le prix de la location à bail, et cela sans courir le moindre risque supplémentaire.

— C’est vrai, au fait, reconnut Jemkins… Bon, voilà Linérès embarquée. Après ? Rouge-Fleur le gratifia d’un joli et menu geste approbateur.

— Vous êtes un gentleman tout à fait pratique. Par nos soins — mes commettants et moi avons déjà engagé des démarches — Linérès sera dans un avenir rapproché envoyée en possession d’héritage par les Mexicains.

— Soit !

— Votre intérêt, le nôtre, sont identiques : célébrer le mariage sans délai.