Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/360

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Une terreur mêlée de colère avait envahi les fiancés.

Le lugubre avertissement, jeté par Allan dans la nuit de fête de Jemkins-House, n’avait plus cessé de sonner aux oreilles des infortunés.

Soudain, tous deux se figèrent dans des attitudes surprises. À travers les tiges pressées de la haie, des voix parvenaient à leurs oreilles.

Ces voix, ils les reconnaissaient, sans doute possible. Lilian Allan et Lily Pariset parlaient de l’autre côté de la barrière végétale.

— J’ai rêvé longtemps, ma Lilian ! Autour de moi, en moi, régnait un brouillard, dans lequel s’agitaient des ombres imprécises…

— Mère ! répondait-on d’un ton si doux que l’on eût dit une palpitation d’ailes.

Haletants, Pierre et Linérès échangèrent un regard.

Ce n’étaient plus les voix hésitantes de la folie percevaient à cette heure. Non, les deux femmes qui s’entretenaient ainsi étaient conscientes.

Lilian était reconnue, acceptée par la mère martyre !

Linérès lui devenait étrangère ; Frey Jemkins avait menti… L’avertissement jeté naguère par Allan prenait une terrible signification.

On avait voulu que Linérès occupât la place de l’héritière Lilian Pariset !

Alors, le marquis a un grand geste de résolution, de volonté.

Le factionnaire, immobile à cinquante mètres environ, ne saurait percevoir le bruit de sa voix. Et il prononce d’un ton prudent :

— Miss Lilian !

Un silence craintif succède. Il répète :

— Miss Lilian, ne craignez rien. Le marquis Pierre de Chazelet, miss Linérès sont ici, séparés de vous par la palissade… Victimes comme vous de l’inconnu, ils souhaitent vous aider si possible.

Il a un soupir de joie, auquel Linérès fait écho. La sœur d’Allan répond :

— Oui, oui, nous pouvons peut-être vaincre Jemkins l’assassin, Jemkins le fourbe… Le défenseur s’est manifesté.

— Le défenseur ?

— Ne questionnez pas, je vous en prie. Il m’est interdit de parler.

— Mais vous, votre mère, êtes sorties de cet état d’engourdissement…