Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/367

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— Non, Señor. J’ai voulu te donner un échantillon de mon savoir-faire. Par mes soins, une dépêche en provenance du Brésil, signala ton débarquement à Rio de Janeiro. Un de tes associés dans certaines affaires est un voleur, un assassin. Cela arrive tous les jours. Tu l’ignores, toi qui prépares une opération à trois ou quatre mille lieues de là.

Un soupir de soulagement s’échappa des lèvres du terrible chef de l’association des bandits. Les visages consternés de ses lieutenants se rassérénèrent.

— En effet, tu as raison, El Dieblo ; tu as paré au plus pressé de façon simple…

— Suis-je ton serviteur ? interrompit l’Indien.

— Oh ! Oh ! s’exclama Frey avec un rire bruyant, tu vas trop vite en besogne.

— Tant pis riposta flegmatiquement son interlocuteur.

Et se penchant vers lui, il murmura de façon à n’être pas entendu du reste de l’assistance :

— Jud Allan n’était point le seul dont les intérêts fussent opposés aux tiens. Les Japonais. Eh ! Eh !… Tes compagnons. Eh ! Eh !… Agir avec réflexion est bien, mais à certaines heures, agir vite est mieux.

— Tu sais d’autres choses ? interrogea Jemkins sur le même ton.

— Oui, mais pour toi seul.

— Qu’il en soit donc comme tu le désires. De ce moment, je prends le Diable à mon service.

Des cris joyeux interrompirent l’entretien des deux hommes.

— Rouge-Fleur ! Voici Rouge-Fleur !

Les lieutenants du milliardaire s’étaient précipités aux fenêtres, saluant de leurs vivats la gracieuse Chinoise qui venait d’apparaître dans la cour.

— Celle qui parle au nom du Japon, glissa Frey à l’oreille de l’Indien.

Cependant, Rouge-Fleur, précédée par un peone respectueux, pénétrait dans le salon. Toutes les mains se tendirent vers elle ; toutes les voix lancèrent des questions anxieuses :

— De retour de Mexico ?

— L’héritage Pariset ?

Elle s’éventa coquettement avec un de ces écrans de plumes fabriqués par les riverains de la mer Vermeille, et se blottissant avec grâce dans un fauteuil de bois courbé.

— Je suis bonne, heureusement pour vous. J’ai