Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/81

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son hôtel, quand tout à coup, un choc violent faucha en quelque sorte ses jambes, et il se trouva renversé sur le dos, sans savoir comment, ni par quoi.

Il est vrai qu’une douzaine d’individus s’étant rués sur lui et paralysant toute velléité de résistance, il put aussitôt conclure qu’il était victime de cet accident banal, autant que désagréable, que l’on dénomme une attaque nocturne.

Cette réflexion résignée s’était à peine fait jour dans son esprit, que le marquis eut l’impression du passage d’une trombe.

Il y eut des cris, des secousses brutales, puis Chazelet se sentit libre de ses mouvements. Il regarda autour de lui d’un air effaré.

Ses agresseurs s’étaient enfuis, et un homme d’allure correcte se penchait sur lui en disant d’un ton où perçait l’Inquiétude :

— Êtes-vous blessé, monsieur ?

— Monsieur Allan ! s’exclama Pierre, reconnaissant l’organe de l’inventeur.

— Vous me connaissez ? fit celui-ci, non sans surprise.

— Sans doute, j’assistais, à la tour Eiffel, à vos si curieuses expériences…

Et, se remettant sur ses pieds :

— Le marquis Pierre de Chazelet.

— Alors, déclara aimablement l’Américain, ce m’est un double plaisir d’avoir pu vous aider à chasser quelques méchants garçons.

Ce disant, Allan prenait le bras de son interlocuteur.

— Permettez-moi de compléter ce petit service, en vous mettant dans votre chemin… le temps de dissiper la surprise que vous avez éprouvée.

— Oh ! je ne veux pas vous retenir… Je suis arrivé… Je rentre au palais d’Orsay.

L’Américain eut une exclamation joyeuse :

— Tiens… Moi-même j’habite cet hôtel.

— Ce qui explique votre arrivée si opportune.

— Parfaitement ! Je revenais d’une longue conférence téléphonique au ministère de la Marine, quand… Nous pouvons donc achever la route ensemble.

— Volontiers.

Côte à côte, les deux hommes gagnèrent le pont de Solférino.

L’Américain parlait, disant sa sympathie pour