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LE VOLEUR DE PENSÉE.

C’était miss Édith, toute rose, tout essoufflée, tenant encore à la main la petite cuiller de l’egg in spoon.

— Père, fit-elle bien vite, excusez votre petite Édith… J’étais inquiète… Jack, votre vieux serviteur, m’a dit que vous aviez couru comme un affolé… J’ai même cassé mon œuf sur les genoux de mistress Glock qui a poussé des cris d’orfraie… et je ne m’en suis pas préoccupée… Vous sentez l’inquiétude.

Il eut un sourire plein de tendresse.

— Je vais partir pour Paris, petite Édith.

— Avec moi ?

— Si vous le voulez… On m’a téléphoné… On ignore que, depuis la mort de votre sainte mère, mes trois enfants et moi formons un quatuor d’âmes, entre lesquelles il ne saurait exister un secret, mais qui sait garder le silence vis-à-vis des autres.

— Alors il y a un secret ?

— Oui, François de l’Étoile.

— Ah !

Une rougeur plus vive envahit les joues de la jeune fille, Gédéon Fairtime ne parut pas s’en apercevoir.

— On veut, il accentua fortement ces deux mots. On veut que j’associe ce jeune homme à notre entreprise, car on pense qu’il existe un intérêt capital pour l’Angleterre à ce qu’il soit tout à nous. Qu’en pensez-vous ?

Brusquement Édith se jeta au cou de son père.

— Oh ! Père… ce serait si facile, si vous le vouliez.

— Que prétendez-vous exprimer ainsi, chère petite ?

Elle enfouit son visage dans l’épaule de son père, s’incrusta en quelque sorte entre ses bras, et d’une voix hésitante :

— Je crois… je crois que je l’aime, père… Si vous le permettez.