— Rapportez-vous-en à moi, Monsieur le préfet, je presserai autant que possible.
— Plus que possible, je vous en prie ; allez. Ceci doit tout primer.
Et M. Lepiquant poussa son interlocuteur pour faire place à un nouveau personnage qui accourait tout essoufflé.
C’était le chef du bureau des expéditionnaires.
Allez, les minutes sont précieuses.
Un homme râblé, à la physionomie ouverte, à la boutonnière fleurie du ruban de la médaille militaire.
Le préfet l’entraîna vivement dans le bureau dont il referma la porte.
— Maillard, lui dit-il affectueusement, vous êtes un bon Français et un honnête homme.
— Je le crois, Monsieur le préfet, affirma son interlocuteur d’une voix nette.
— Alors vous ne craindrez pas dans l’intérêt du pays et de la justice, de risquer un « abatage » en ma compagnie ?
— Je le risquerais même tout seul.
— Je le savais. Alors je m’explique.
Il prit sur le bureau la longue missive de Miss Veuve et la tendant à Maillard :
— Il me faut dix copies de cela, dix copies qui doivent être distribuées, ce soir même, aux dix journaux de la série 1 des communiqués habituels, afin qu’ils publient cela demain matin. Tout le monde doit ignorer, car on s’opposerait peut-être à une publication dont l’Allemagne ne se soucie certainement pas.
— Ah !
— Vous avez compris ?
— Je pense. Je vais louer trois machines à écrire, les transporter chez moi.