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L’AÉROPLANE-FANTÔME

et que, s’il ne se trompe pas dans ses suppositions, il se met financièrement à votre entière disposition.

— Ah ! l’excellent Anglais ! Quelle journée ! J’étais fou de joie quand je rentrai à notre pension de famille de la rue d’Auteuil.

— Je l’adore, moi, ce brave jeune homme qui accepta toutes vos conditions. Les diverses pièces fabriquées dans des usines différentes, rassemblées dans une propriété isolée qu’il possède en Écosse ; les secrets de montage restant votre propriété ; cela me donne des fourmis dans les jambes de penser que dans quelques semaines, vous partirez là-bas. Vous monterez votre appareil, ce qu’un autre ne saurait faire, grâce aux précautions prises. Et les Loisin s’arracheront les cheveux. S’ils pouvaient disposer des sommes nécessaires aux expériences, parbleu, ils n’hésiteraient pas. Mais leur conseil d’administration se refuse à ouvrir la caisse. Il n’a pas la confiance de M. Fairtime. Et il s’en mordra les doigts.

Durant cette conversation, la grande rue de Mourmelon était devenue déserte.

Les curieux avaient pris le chemin de l’aérodrome du Camp de Châlons où devait se disputer la Coupe Mondiale d’aviation.

Une automobile emporta l’ingénieur et le comptable Tiral dans la même direction.

La foule impatiente se pressait autour des vastes bâtiments du Quartier général, créés naguère par l’empereur Napoléon III à deux kilomètres au sud de Mourmelon.

Autour des pavillons, chalets, autrefois affectés à la résidence du souverain et de sa suite, autour de la chapelle où la cour défunte assistait à la messe impériale, autour des diverses autres installations, c’était une cohue de toilettes claires, de cyclistes, de paysans, de soldats.

Dans les tribunes ornées de drapeaux, les invités de choix se pressaient, s’étouffaient presque, Lord Fairtime et sa famille, arrivés la veille d’Angleterre, avaient réussi à se caser au premier rang, non sans une légère altercation avec deux personnes inconnues, qui avaient trouvé place un peu plus loin, sur le même gradin.

Dans ces deux personnes on eût pu reconnaître les causeurs entrevus dans la maison de la Wilhelmstrasse à Berlin. Herr Léopold Von Karch et sa fille Marga : lui, en costume de voyage ; elle, dans une toilette tapageuse, jolie peut-être, mais à coup sûr de goût douteux.

Alors que chacun se tassait, acceptait que le voisin lui enfonçât les coudes aux flancs, l’Allemand avait émis la prétention d’être à l’aise. Mais une