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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/230

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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Ah ! ah ! les oiseaux sont toujours là, fait-il d’un ton de bonne humeur.

Mais il se tait. Dans l’ombre, une main a saisi son bras. Cela ne le surprend pas, car il prononce d’une voix prudente :

— C’est moi, Stolz !

— Oh ! je vous avais reconnu, Herr ! Je voulais seulement vous montrer que l’on a les yeux ouverts.

— Rien de nouveau ?

— Rien. Fraü Margarèthe est auprès des prisonniers.

L’espion, à ces paroles, a un mouvement d’impatience que l’ombre dissimule.

— Bien. Continue à être fidèle. Je me chargerai de ta fortune.

Il va plus loin dans la direction de la porte close, dont une fissure laisse passer le rayon lumineux qu’il a remarqué tout à l’heure.

Il y est presque parvenu quand il fait halte. À sa droite et à sa gauche s’ouvrent des galeries étroites, véritables boyaux ménagés dans l’épaisseur des murs, et qui contournent la prison des Fairtime.

L’Allemand se jette dans le couloir de droite. Au bout de trois pas, une main s’appuie sur sa poitrine, le contraignant à demeurer sur place.

— C’est toi, Pétunig ?

— Oui, Herr.

— Tu ne crois pas que les prisonniers songent à s’évader.

Un gloussement sourd répond, indiquant que la question apparaît bouffonne à l’individu que l’obscurité empêche de distinguer.

— S’ils y songent, réplique-t-il enfin, je n’en sais rien. Mais je puis jurer qu’ils ne s’évaderont pas. Huit hommes en haut, Stolz à l’entrée des caves, Kasper et moi dans le couloir circulaire, et Fraü Margarèthe dans leur compagnie ; il leur faudrait une astuce peu ordinaire pour tromper la vigilance de tant de gardiens.

Von Karch a tressailli en entendant prononcer le nom de sa fille.

— Il y a longtemps que Fraü Marga est auprès d’eux ?

— Oh ! fait l’homme avec enthousiasme ; depuis le départ de Votre Noblesse, Herr. Elle s’est fait servir à déjeuner dans leur appartement. Vous pouvez dire que la jeune dame prend en main vos intérêts ! À son âge et belle comme une Walkyrie, s’enfermer tout le jour dans une cave, il n’y en a pas beaucoup qui consentiraient à se mettre à ce régime-là.

Si le couloir était éclairé, Pétunig verrait son chef faire une affreuse grimace.

De fait, l’espion a l’impression que son subordonné se moque de lui. Il