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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/293

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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Vivants ! tous vivants ! Les avoir cru morts dans l’épouvantable explosion.

— Quelle explosion ? s’écrie Lord Gédéon, dont l’attention avait été éveillée par ce mot.

Sa voix rendit aux fiancés la notion de l’heure présente. Ils desserrèrent leur étreinte, restant toutefois appuyés l’un à l’autre, et l’aviateur murmura :

— C’est vrai. Vous ignorez. Von Karch, lorsqu’il vous enleva, a détruit Fairtime-Castle, sans doute pour faire croire que vous aviez péri dans le cataclysme.

— Peuh ! riposta le lord avec insouciance. Fairtime n’avait rien de particulièrement artistique. Je profiterai de l’occasion pour le faire reconstruire en un endroit mieux situé.

Les fiancés saluèrent d’un doux sourire cette déclaration flegmatique du grand industriel anglais.

Tous riaient du reste. Une détente se produisait, après les émotions des dernières heures.

Et de l’autre côté de la muraille, l’œil au judas, qui permettait d’espionner les captifs, Von Karch riait également. Margarèthe se prit à cette bonne humeur. Elle pressa la main de l’espion, comme pour le remercier d’avoir renoncé aux pensées de vengeance qu’il exprimait lors de l’arrivée de François.

— Chut ! murmura soudain Von Karch. Voici une question que j’aurais dictée moi-même, ma parole.

La demande était formulée par Miss Édith.

— Mais, François, comment avez-vous découvert notre prison ?

— Elle m’a été indiquée. Je n’aurais jamais songé à chercher Von Karch ici.

— Évidemment, souligne l’espion dans sa cachette.

— Songez donc, continua l’ingénieur, j’ai bouleversé l’opinion allemande, grâce à l’engin que, réputé mort, j’ai pu réaliser avec l’appui de votre généreuse complicité.

— Oh ! on n’est pas généreux avec un fils, interrompit noblement le lord.

— Mais un fils peut consacrer sa vie à remercier un père. Je reprends cependant. Notre entrevue sera de courte durée ; il faut que vous sachiez… Donc, troublant l’Empire, étant, à regret mais nécessairement désagréable à l’Empereur, je n’aurais pas soupçonné qu’un palais impérial abritait notre ennemi.