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Page:Ivoi - L’Homme sans visage, 1908.djvu/9

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L’HOMME SANS VISAGE
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aux agents de pousser le zèle même jusqu’à la gaffe (sic) et la promesse d’une prime extraordinaire : quatre mille livres (cent mille francs), démontre que la pièce dérobée a une importance capitale.

« De plus, j’ai appris que, par le nouveau sans fil, une longue communication en chiffre diplomatique avait été faite au gouvernement français.

« L’enquête au Ministère n’a rien révélé. Un highlander de garde a cru se souvenir que l’un des ouvriers, occupés en ce moment au ravalement de la façade, était entré dans l’intérieur par une fenêtre laissée entr’ouverte ; mais cet homme n’a disparu qu’un instant, puis a repris place sur le panneau qu’à l’aide d’un système de cordages et de poulies, ces artisans font mouvoir le long des façades qu’ils nettoient.

« La nuit venant de bonne heure en cette saison, les travailleurs avaient quitté le Ministère lors du retour de M. le Premier.

« Or, ici, on est absolument fermé. Vous savez le mutisme de nos hommes d’État, lorsqu’ils sont décidés à garder le silence. On n’en tirera rien.

« Les Français sont plus expansifs.

« Tâchez de trouver un bavard dans l’entourage du Ministre de l’Intérieur, Président du Conseil.

« Lui, parbleu, ne dira rien. Le « Grand Georges », comme nous le nommons, garde le silence aussi facilement qu’il parle. Mais autour de lui, il ne se trouve pas que des hommes de sa valeur et de sa finesse.

« J’ai confiance en votre adresse. Trouvez.

« Il est absolument indispensable que les lecteurs du Times connaissent le poids exact (le contenu) du document disparu, avant tous les autres.

« N’économisez pas, surtout. Ceci vaut, je le sens, tout ce que cela peut coûter.

« Votre vraiment… »

Suivait la signature.


III

PAR TUBE ACOUSTIQUE


Certes, j’aime les logogriphes ; je ne serais pas journaliste sans cela.

Mais un rébus dont il faut chercher le mot auprès du « Grand Georges », cela cesse d’être une partie de plaisir.

Vous l’avez tous vu, ce diable d’homme avec sa face étrange que les ans ont si énergiquement sculptée, avec ses yeux mobiles, qui fouillent l’esprit des autres sans se laisser pénétrer, avec sa nervosité raisonnée, ses rudesses voulues, sa verve à la fois primesautière et académique.

On croit le tenir, qu’il a déjà glissé entre les doigts.

Il semble se confier, et sa pensée vraie ne se révèle pas un instant.

Un homme d’État, et parmi les plus remarquables, mais un homme bien ennuyeux pour une interview destinée à réjouir la direction du Times.

Tout cela, je me le confiai dans une moue très expressive, et dans un geste qui, j’en jurerais, exprimait tout autre chose que l’enthousiasme.

Il est très flatteur de se voir confier un rôle difficile, mais vu la peine qu’il se faut donner pour le tenir, la gloire du passé est loin de compenser les ennuis de l’échec probable.

Les héros, surtout ceux des temps légendaires, d’Hercule à Charlemagne, ne pensent pas ainsi, on m’a enseigné cela, mais moi je pense et je dis, et même je suis enclin à croire que les héros en question furent grandis par le brouillard des âges, ou bien plus simplement encore, qu’ils furent dépeints « de chic » par d’aimables farceurs universitaires qui ne les avaient jamais connus.

Réflexions oiseuses, absolument inopportunes, car dans l’espèce présente, l’opinion d’Hercule ou de Charlemagne n’avait aucune importance.

Oui, mais l’opinion du « patron ». En voilà une opinion qui compte.

Par quel moyen réaliser le tour de force qu’il me demandait, en avouant