Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/123

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CHAPITRE XIII

La Croix des Cosaques.


Quand Milhuitcent eut atteint la large voie, il se garda bien de marcher au milieu de la chaussée. Il se jeta dans les champs en bordure et parvint ainsi au carrefour, à l’un des angles duquel s’élevait la croix de briques, connue dans le pays sous l’appellation de Croix des Cosaques.

Des arbres, des buissons formaient un petit bois auquel s’adossait le monument commémoratif.

Espérat se glissa dans le fourré, et rampant, se coulant ainsi qu’une couleuvre entre les branchages dépouillés, il se trouva bientôt derrière la croix. Avec précaution il avança la tête à droite et à gauche, sondant l’obscurité. Il ne vit rien. Enhardi par cette première constatation, il s’avança davantage.

— Personne, murmura-t-il enfin, personne.

Puis par réflexion :

— Si, ainsi qu’il le promettait dans sa dernière lettre, Henri de Mirel a attendu tout le jour le capitaine Marc Vidal, il a dû retourner à Rochegaule. N’étant pas averti de la venue du vicomte d’Artin, il ne se trouvera pas au rendez-vous. Ici je ne puis prendre sa place. Un frère ne peut se tromper comme un messager de rencontre… Alors que vais-je faire ?

Et pensif :

— Me montrer est impossible. Le vicomte m’a vu chez l’épicier Buzaguet…

Il eut un mouvement de dépit :

— Ce qu’il m’est interdit de faire m’apparaît clairement… Mais les