Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/161

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Napoléon murmura avec une inflexion tendre et profonde :

— Au delà de la douleur, il y a l’oubli ; au delà de la faute, il y a le pardon. Capitaine Rochegaule, je compte sur vous.

Déjà le comte, après une inclination respectueuse se préparait à partir. Un fracas retentissant lui fit suspendre son mouvement.

Un cheval, lancé à fond de train, venait de s’arrêter brusquement devant la maison Lavinaise.

Le cavalier qui le conduisait avait sauté à terre. La porte de la rue, celle de la pièce s’ouvrirent violemment, et un jeune garçon blême, couvert de poussière, les cheveux en désordre, entra en criant :

— Sire ! Sire !…

Il s’arrêta en voyant que l’Empereur n’était pas seul.

Celui-ci congédia le comte du geste.

— Au revoir, capitaine de Rochegaule.

Mais le nouveau venu s’exclama :

— Rochegaule… le comte de Rochegaule ?

— Oui ; qu’as-tu donc, Espérat ?

Espérat, c’était le gamin lui-même, chancela. Pour ne pas tomber, il dut se retenir au dossier d’une chaise.

— Mais il va se trouver mal, dirent les deux hommes.

L’enfant se redressa, se remit d’aplomb sur ses jambes, et ironiquement :

— Non… ne craignez pas cela… Seulement je n’ai pas dormi depuis mon départ de Paris et j’ai marché tout le temps.