Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/180

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Complètement dominé, Henry consentit :

— Je l’aimerai.

— À la bonne heure. En route.

Mirel retint le jeune homme qui se dirigeait de nouveau vers la croisée :

— Non, pas par là.

— Pourquoi ?

— Parce qu’une voie souterraine relie cette maison aux ruines.

— Un chemin… ; on a eu le temps de le creuser depuis deux jours ?

— Pas du tout. Il existait déjà quand l’abbaye était debout. D’Artin connaissait cette particularité…

— Aussi a-t-il choisi le logis Fraisous.

— Justement.

— Guide-moi donc. Espérat et Henri quittèrent aussitôt la chambre, traversèrent sans bruit plusieurs autres pièces et atteignirent l’escalier conduisant aux caves.

En passant, le chevalier s’était emparé dans la cuisine d’une petite lanterne sourde, comme en portaient alors les citoyens que leurs affaires ou leurs plaisirs obligeaient à sortir la nuit.

Le lumignon allumé, les jeunes garçons continuèrent leur hasardeuse exploration.

Le sous-sol se composait d’une dizaine de caveaux, séparés par des murs de refend et des cloisons.

Le chevalier pénétra dans un compartiment situé à peu près au milieu des caves.

Des barriques, des cuveaux y étaient empilés les uns sur les autres ; l’enfant se glissa parmi ces obstacles, les contourna, se faufila entre eux et la muraille.

Espérat eut une exclamation. Une baie noire trouait la paroi, et la voûte basse d’un couloir s’enfonçait dans la terre.

— Voilà le chemin, murmura Mirel. Tâchons de n’être pas surpris par le vicomte… ; il nous tuerait.

— Peuh ! j’ai mon pistolet. Nous serions à deux de jeu.

Et les deux braves petits s’engouffrèrent dans les ténèbres qui se refermèrent sur eux.