Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/259

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Puis revenant à Espérat :

— Refuser, c’est se condamner à mort… cela m’est égal, je t’emboite le pas… Seulement il faut finir gaiement en leur cornant aux oreilles ce qu’ils aiment le moins, un : Vive l’Empereur soigné ! Allons-y.

— Chut, fit doucement Espérat.

Qu’avait donc le jeune garçon ?… Toujours adosse à la porte du verger, il avait penché la tête, il semblait écouter.

Un bruit léger, plus doux que la plus suave harmonie, avait attiré son attention.

On eût dit que de l’autre côté du panneau de chêne, une clef était introduite dans la serrure, qu’elle tournait avec précaution.

Quelqu’un faisait glisser la gâche hors de son alvéole… Qui, sinon un ami inconnu.

Et l’idée de la fuite, abandonnée un instant plus tôt, se représentait à l’esprit du gamin.

D’Artin ouvrit la bouche pour appeler encore… Milhuitcent le prévint :

— Voulez-vous venir un instant, monsieur le vicomte ?

— Venir ?…

— Oui.

Le gentilhomme consulta les délégués au Congrès du coin de l’œil. Tous, impressionnés par le spectacle, inclinèrent la tête.

Ils étaient d’avis que l’on ne refusât rien au fils qui allait insulter son père.

Et d’Artin s’approcha des jeunes gens, disant d’une voix rogne :

— Qu’y a-t-il encore ?

— Une prière à vous adresser, repartit Espérat dont l’angoisse ne se trahissait que par la rougeur de son visage.

— Je vous écoute.

— Nous sommes prêts à crier : Vive le roi !

— Ah !

Les yeux de Bobèche s’arrondirent à cette déclaration.

— Ce nous sera même un plaisir… politique, continua le gamin. De la sorte, vous aurez ces articles de gazettes, de journaux, qui feront tant de bien à la chère cause royale.

— À la bonne heure.

— Mais, continua Milhuitcent, cette marque de dévouement absolu donnée à Sa Majesté, vous ne sauriez trouver mauvais que le sujet cède la place au fils.