Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/277

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— Hier… et il va ?

— Écraser Blücher.

Puis, comme s’il prenait son parti, le maréchal poursuivit :

— Après tout, l’Empereur a confiance en toi… Ses généraux doivent l’imiter… Voici la situation.

— Blücher, interrogea le jeune homme, s’est donc relevé du désastre de Montmirail.

— Précisément. Tandis que Napoléon revenait vers Troyes, en bousculant les troupes de Schwarzenberg, Blücher reformait son armée. À la tête d’environ 50,000 hommes, il a franchi la Marne et s’est dirigé vers Meaux, où les maréchaux Mortier et Marmont l’ont arrêté. Un courrier, parvenu ici, a informé l’Empereur de ces opérations. J’étais là. Je pensais que Sa Majesté allait entrer en grande colère. Pas du tout, Napoléon a semblé ravi. Il n’a prononcé qu’une parole :

— C’est ?

— Enfin !

Espérat se frotta les mains :

— Il parait que Blücher a fait une maladresse attendue par lui.

— Je le pense. C’était avant-hier au soir que le courrier est arrivé. Dans la nuit même, le maréchal Victor, dont les troupes campaient entre Troyes et Méry, reçut l’ordre de rétablir le pont de cette dernière ville et de se porter sur Planey pour y passer l’Aube. Le maréchal Ney, lui, quitta Troyes et marcha sur Aubeterre… Nous restons, nous, Oudinot, Gérard et moi, pour tenir en respect l’armée austro-russe, avec une trentaine de mille hommes, formant les divisions Rothembourg, Leval, Boyer, la cavalerie du comte de Valmy, le 44e corps, les escadrons de Milhaud, le 2e corps et les cuirassiers de Saint-Germain. L’Empereur emmenait environ 35,000 hommes, lesquels réunis aux 14,000 de Marmont et de Mortier, lui assurent, dans la lutte avec Blücher, des forces égales.

— Bravo !

— Tu es content, Espérat ?

— Dame ! à forces égales, l’Empereur mettra le Prussien dans sa poche sans la moindre difficulté. Mais lui… lui… ?

— S’est mis en route hier matin, 27.

— Bon,… par quelle voie ?

— Par Arcis et Herbisse… Après je ne sais pas.

— Arcis, Herbisse, cela suffit ; je le rejoindrai… Maintenant, Monsieur le Maréchal, je vous remercie et vais dormir pour fournir demain une longue traite.