Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/319

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sont pris par l’ennemi, et, après la bataille d’Arcis-sur-Aube, où 25.000 Français ont tenu en échec 170.000 alliés et leur ont échappé ; alors que l’Empereur, se dirigeant à marches forcées sur Saint-Dizier, croit entraîner toutes les forces adverses à sa suite, les souverains coalisés, éclairés sur ses intentions, appelés à grands cris par les royalistes, décident qu’ils ne le poursuivront pas, qu’ils iront à Paris que l’on n’a pas mis en état de défense.

À la Fère-Champenoise, ils accablent Mortier et Marmont qui, n’ayant pas reçu les ordres de Napoléon, se retirent sur la capitale.

Soult, devant les Anglo-Espagnols a dû reculer jusqu’à Toulouse. Les Anglais, commandés par Wellington, entrent à Bordeaux. Le duc d’Angoulême accourt aussitôt, et les royalistes proclament la restauration des Bourbons.

Cependant, après Arcis, l’Empereur avait mandé auprès de lui Bobèche et Espérat, lesquels accompagnaient l’armée depuis Soissons.

— J’ai besoin de vous, leur dit-il.

— Nous sommes prêts, répondirent-ils.

— Je veux savoir pourquoi, malgré les assurances de M. de Metternich, les Autrichiens agissent aussi énergiquement contre le gendre de leur souverain.

— Vous le saurez.

— Allez à Châtillon et informez-vous.

— Nous irons.

— Vous en êtes partis… un peu précipitamment ; mais il n’y a plus de troupes dans cette ville… ; je ne pense donc pas la mission très dangereuse. Soyez prudents cependant, car je tiens à vous revoir.

— Vous nous reverrez, Sire.

La confiance manifestée par ce pitre, par cet enfant, dont il avait pu apprécier l’héroïque dévouement, amena un sourire sur les lèvres de Napoléon, sur ces lèvres serrées depuis Soissons en une contraction douloureuse.

— Allez donc, mes amis chers entre tous, allez…, et rejoignez-moi au plus vite.

Une heure après cet entretien, les deux compagnons se séparaient de l’armée, prenaient la route de Brienne, avec l’intention de se rabattre sur Châtillon, par Châteauvillain et Montigny-sur-Aube.

Le premier jour s’écoula sans incident. Les renforts de l’ennemi passaient beaucoup plus au nord, et les habitants, rassurés par l’éloignement des alliés, vaquaient à leurs occupations.

Mais le lendemain il n’en fut plus ainsi. Les troupes qui, dans la région