Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/359

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— Vite, faites monter un de vos hommes à cheval, si vous vous défiez de nous. Qu’il galope jusqu’à Saint-Dizier, qu’il dise à l’Empereur : Voilà ce qu’Espérat Milhuitcent, ce que Bobèche affirment,… et l’Empereur sera détrompé.

— Quelle créance ajoutera-t-il à tes dires ?

Il y avait un reste de défiance dans cette question.

Le jeune homme se redressa de toute sa hauteur. Son clair regard se fixa sur celui du partisan qui baissa les yeux, et d’une voix vibrante dont les assistants se sentirent pénétrés :

— Espérat Milhuitcent, Bobèche étaient en mission à Châtillon par ordre de l’Empereur. Nous lui rapportions les résultats de nos opérations, lorsque vous nous avez arrêtés.

— Tu prétends que les alliés sont proches de Paris… commença son interlocuteur hésitant…

Mais il ne put continuer. Un organe sonore répondit :

— Si Espérat l’affirme, cela est vrai.

Tous se retournèrent. Deux hommes venaient de pénétrer dans la clairière.

— Les chefs ! les chefs ! murmurèrent les partisans.

Quant au jeune garçon, il bondit vers les nouveaux venus en criant éperdument :

— Mon père ! M. le curé !

C’étaient en effet Tercelin et l’abbé Vaneur qui, avec leur petite troupe avaient émigré de l’Argonne dans la région boisée qui avoisine Saint-Dizier.

Mais le moment n’était pas propice aux effusions. Des baisers rapides sont échangés, et Tercelin éloignant son fils adoptif.

— Si j’ai bien compris, tu déclarais que l’ennemi…

— Est aux portes de Paris, père.

Le maître d’école baissa la tête, puis la relevant aussitôt :

— Cela doit être… Sans cela nous aurions déjà une armée sur les bras. Pars, mon enfant… pars… il faut que l’Empereur sache…

Un morne silence régnait dans la clairière. Aux derniers mots du chef, deux hommes s’étaient avancés, prêts à reconduire les prisonniers sur la route. Ils n’en eurent pas le temps.

Un groupe de partisans fit irruption dans l’espace découvert, entourant un officier d’ordonnance de Napoléon.

Celui-ci s’avança vers Tercelin debout au centre du cercle formé par ses soldats :