L’ordre exécuté :
— Écoutez, reprit-il. Alexandre est intelligent. J’ai 50.000 hommes ici, auxquels je vais réunir les 15 ou 18.000 hommes sortant de Paris. Avec les bataillons que je pourrai tirer des contingents de la Seine et de l’Yonne j’aurai 80.000 combattants… Une pareille force avec moi représente un danger qu’Alexandre comprendra. Partez auprès de lui… exposez-lui la situation, proposez un traité assez semblable à celui que l’on débattit à Châtillon. Il vous renverra vers moi… Les jours passent vite en négociations. Durant cela, je concentre mes troupes et je suis en mesure de sauver cette France bien-aimée.
Le fidèle de Napoléon hésite. Il craint que la tache soit trop lourde pour ses épaules :
— Sire, adjoignez-moi Berthier :
— Non, non, pas lui… il est excellent, il m’aime, mais il est faible… Vous n’imaginez pas ce qu’en pourraient faire les intrigants qui vont s’agiter. Partez sans lui. Il n’est que vous qui soyez de trempe à résister à toutes les intrigues.
Et s’animant par degrés :
— Je vais m’établir à Fontainebleau, y concentrer l’armée, tandis que vous vous efforcerez d’arrêter les menées que les alliés vont tenter avec le concours des partisans des Bourbons. Quatre jours, il me les faut et l’heure suprême sonnera… je me présenterai aux portes de Paris, j’y succomberai peut-être, mais j’entraînerai la coalition dans ma chute.
Sans permettre à Caulaincourt de répliquer, Napoléon alla lui-même ouvrir la porte, appela Berthier, Belliard, distribua ses ordres.
Berthier allait l’accompagner à Fontainebleau.
Belliard se porterait sur la rivière d’Essonne ; il y appellerait Marmont et Mortier qui s’y établiraient entre la Seine et la route d’Orléans, formant un rideau de troupes, à l’abri duquel l’Empereur opérerait la concentration de son armée.
Tout disposé ainsi, il serra la main de Caulaincourt, du général Belliard :
— Je compte sur vous, dit-il, pour m’aider à sauver la France.
Puis s’adressant à Berthier :
— Où est notre voiture ?
— À la porte, Sire.
— Parfait… mon vieux camarade, nous ne dormirons qu’à Fontainebleau.
Il semblait avoir oublié ses angoisses. Son visage s’était rasséréné et