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CHAPITRE VII

L’Hôtel de la rue Saint-Florentin


Il y avait à cette époque, rue Saint-Florentin, à peu près à égale distance de la place de la Concorde et de la rue Saint-Honoré, un hôtel sur lequel se fixaient tous les regards.

Les partisans de l’Empire montraient le poing à ses murailles, les royalistes les saluaient avec des mines équivoques.

C’était l’hôtel de M. de Talleyrand.

Or, ce jour-là même, dans le grand salon du rez-de-chaussée, M. de Talleyrand, — le diable boiteux comme on l’appelait dans le peuple, — recevait quelques amis, dont il avait pu dire naguère avec son cynisme spirituel :

— Ils sont chers à mon cœur… car leur dévouement ne saurait être mis en doute… Il s’applique à leurs propres intérêts.

Le duc de Dalberg, descendant des illustres Dalberg d’Allemagne, était là, se redressant pour faire valoir sa petite taille, cherchant à éteindre l’expression de sa physionomie, aiguisant comme malgré lui, les critiques les plus vives, les plus fines. Puis l’abbé de Pradt, naguère ambassadeur à Varsovie, où il avait laissé le souvenir d’un brouillon confit en vanité, le financier baron Louis, hostile à tout ce qui touchait Napoléon.