Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/68

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étrangers ; ses sujets sont les Russes, les Prussiens, les Autrichiens et non les Français. Ses fantaisies ne nous intéressent pas de ce côté du Rhin.

— La malheureuse, soupira d’Artin… elle ruine sa famille.

Dalberg et le prince de Talleyrand échangèrent un coup d’œil. De Vitrolles toisa le vicomte avec quelque dédain et d’une voix plus forte :

Mlle de Rochegaule est une noble fille, et si je n’étais moi-même au roi, corps et âme, je sortirais à l’instant d’une conspiration qui exige le sacrifice d’une jeune fille. Elle m’a dit, loyalement, sans détours : Après le désastre de Russie, quand nos troupes décimées rentraient en désordre, en haillons, un lieutenant tomba sur la route, près de l’entrée de notre demeure.

Le typhus, ce terrible mal qui s’était fait l’allié de l’étranger, l’étreignait. Il serait mort là, abandonné au revers du chemin, si mon père n’avait eu pitié.

C’est un Français, dit-il, l’amour du roi n’exclut pas celui de la France. Que la maison s’ouvre devant cet officier de l’usurpateur.

— C’est vrai, c’est vrai, murmura le comte… ma sœur m’a écrit cela à Dresde, où j’étais alors.

— Et, poursuivit de Vitrolles, l’officier fut soigné, guéri. Mais, la destinée a de ces ironies, la blanche fille des preux, élevée dans la tendresse des lis royaux, avait laissé son âme s’envoler vers ce défenseur des aigles impériales… ; le drapeau aux trois couleurs ne lui faisait plus horreur, et elle priait pour tous ceux qui dormaient dans les steppes moscovites, qu’ils fussent champions du roi où soldats de l’Empereur.

— Hélas ! grommela le vicomte que, décidément, la promesse des faveurs de Louis XVIII avait rallié à l’idée d’avoir Enrik Bilmsen pour beau-frère.