— Que s’est-il passé, questionna la fille du général Labianov avec une sourde inquiétude ?
— D’abord, vous avez dormi profondément… ce qui s’explique parce que j’avais fait mêler de l’opium à vos aliments.
Les deux prisonnières eurent un même cri :
— De l’opium ?…
— Oui, de l’opium, ce délicieux extrait du pavot, un des mille moyens que l’homme industrieux possède pour verser le sommeil à ses semblables, pour les rendre inertes, insensibles, sans force et sans vouloir. Vous avez été amenées ici… Quelques passes magnétiques ont transformé l’engourdissement dû au soporifique, en catalepsie… puis vous êtes arrivées au sommeil hypnotique.
Une expression de folle terreur se peignit sur les traits des captives.
— Ah ! Pourquoi, pourquoi cela ?
Il sourit :
— Oh ! j’étais mû par le souci de votre bonheur.
— De notre ?…
— Jugez-en… J’ai acquis la certitude, que chacune de vous ressentait une tendresse profonde pour un certain Dodekhan, fort gentil garçon du reste.
Mona, Lotus-Nacré ne répondirent que par un cri pudique ; d’un même mouvement, elles cachèrent de leurs mains leurs joues rougissantes.
— D’après vos idées européennes, mademoiselle Mona ; d’après les idées que le Japon a empruntées à l’Europe, mademoiselle Lotus-Nacré, vous ne pouviez l’épouser toutes deux… L’une de vous était condamnée à la douleur… Moi, qui ai l’âme tendre, j’ai arrangé tout cela.
— Arrangé ?
Elles avaient laissé retomber leurs mains ; elles interrogeaient leur interlocuteur d’un regard éperdu.
— Eh oui, Mesdemoiselles… Vous dormiez… j’en ai profilé pour vous marier toutes deux.
— Hein ?
— À Dodekhan également endormi.
Et les voyant anéanties par cette stupéfiante déclaration :
— Deux prêtres de Bouddha, versés aussi dans le rite franc, ont été enfermés dans deux salles voisines. L’un a prononcé l’union de Dodekhan avec