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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

la moindre trace de ceux que nous cherchions. Une inspiration de Fô illumina ma pensée. Puisqu’ils ne sont pas alentour, ils sont peut-être à l’intérieur du temple.

Log sourit :

— Bien raisonné, continue.

— J’y suis entré. Six manteaux d’asile manquaient aux patères sacrées.

— Six ?

— Un autre pèlerin sans doute, car le kiluom (supérieur de bonzerie taoïste) m’a déclaré que l’on avait reçu des diables étrangers, au nombre de quatre.

— Quatre maintenant ?…

— Attends, maître… quatre, plus deux jeunes filles, l’une évidemment japonaise

— Lotus-Nacré.

— L’autre chinoise.

— Voilà la voyageuse supplémentaire.

Pas une seconde, il ne vint à l’esprit de Log que cette sixième personne pouvait être la petite Sourire.

Pourquoi la fillette, laissée par lui au caravansérail, serait-elle à Lin-Nan-Lien ? Pourquoi surtout userait-elle du droit d’asile, elle qui n’avait rien à craindre du géant jaune et de ses guerriers ?

À l’homme il remit des taëls, puis il siffla.

En un instant le campement provisoire fut en rumeur. Les Pavillons Noirs sautèrent en selle, vinrent se ranger en ligne en face du Maître.

Et celui-ci distribue ses ordres :

— Dix hommes me suivront. Nous allons cerner la pagode de Lin-Nan-Lien, où nos ennemis ont cherché refuge.

Un Oï-An enthousiaste salue la déclaration. Log continue :

— Les autres se répandront dans la montagne ; à tous nos détachements ils porteront l’ordre de revenir autour du sanctuaire.

Des phrases chuchotées courent sur le rang.

Une part des cavaliers demeure immobile ; l’autre se fractionne, s’éparpille en groupes qui remontent la route, la descendent pour s’égrener plus loin à la rencontre des gués, des sentiers latéraux. Et Log satisfait maintenant, la face crispée par un rire cruel, s’adresse à San :

— Suis-moi mon brave San ; cette nuit tu as semé la mort sur les amis de Dodekhan ; viens assister à