dent le drapeau… je vous remercie… de vraies femmes de France !
Puis se calmant soudain :
— Mais la faction sera horriblement dure… l’endroit que nous avons dû choisir est une plate-forme rocheuse où le soleil darde…
— Bah ! dure au physique, douce au moral… Et puis, vous avez bien un parasol… Au Tonkin, les parasols traînent partout.
— C’est vrai, j’ai un grand parasol rouge, sous lequel je travaille parfois en plein air.
— Vous nous le prêterez…
— Vous n’en doutez pas, madame.
Sara se prit à rire.
— Et ce parasol rouge sera le signal. La couleur rouge est celle qui se voit de plus loin. Donc, tant qu’il demeurera drossé, ne bougez pas… Mais aussitôt que nous l’abaisserons…
— Je déchaîne l’explosion.
— C’est cela même.
Puis gaiement, avec l’allure joueuse si étrange que la fantasque petite duchesse conservait dans les circonstances les plus critiques :
— Avez-vous des crayons, du papier blanc ? Nous nous installons sous le parasol-signal et nous dessinons le paysage. De la sorte, si l’un des habitants du village réussit à tromper la surveillance de vos gradés et vient nous observer, il ne pourra tirer de notre présence dans la montagne aucune conclusion… militaire.
Cette fois, Dalmaire s’écria :
— Ah ! madame la Duchesse, vous êtes faite pour la guerre d’embuscades… C’est adorable, le dessin inoffensif, le parasol, les mines… Adorable vraiment !
Puis avec un enthousiasme profond, inconscient peut-être :
— Ah ! la noblesse militaire… atavisme indéniable… L’art de la guerre est inné.
Ce à quoi Sara riposta par un : « Peuh ! Peuh !… » très évasif.
Il y avait si peu de temps qu’elle faisait partie de la noblesse ! Toutefois, la remarque du lieutenant lui causa un délicieux chatouillement dans la région du cœur.
Elle songeait que Lucien serait fier d’elle.