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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

che gauche de son vêtement Autour de son poignet délicat s’enroulait un serpent d’or, supportent un médaillon formant montre.

Elle souleva le cadran où couraient les minuscules aiguilles de platine, et, levant le bras, amena le boîtier tout près des yeux de sa compagne :

— Regarde, dit-elle.

Mona regarda. Sur le bottier était figuré un portrait émaillé. Elle eut un petit cri.

— Dodekhan !

— C’est donc lui ?…

— Mais comment possèdes-tu ce portrait ?

— Je vais te le dire. Au moment de quitter le Japon, tandis que le Mikado recevait mon père en audience particulière, la Naïa-doa, la grande maîtresse de l’étiquette, si tu veux, me conduisit devant l’Impératrice. Celle-ci fixa elle-même ce bracelet à mon bras, elle me montra le secret du boîtier et me dit ces paroles :

« — Lotus-Nacré, promets à ta souveraine de réserver ton cœur à celui dont voici l’image. Tu le rencontreras, sois-en sûre. Alors fais qu’il te voue sa tendresse !…

« — Pourquoi, pourquoi, Madame ? m’écriai-je.

« Elle sourit, caressa mes cheveux de sa main auguste et, tout doucement :

« — Enfant, je ne puis te confier les choses qui font se courber vers la terre, pensifs, les fronts des souverains… Mais retiens mes paroles… obéis aveuglément à mes conseils… La grandeur du Japon est en ta corolle, petite fleur, Lotus-Nacré. »

— Et tu penses à lui ? prononça Mona avec effort.

— Toujours. C’est l’ordre de l’Impératrice.

Mais la fillette s’interrompit en voyant deux grosses larmes couler sur les joues de son interlocutrice.

— Tu pleures, Mona ?

— Non, non !

— Pourquoi nier… Je le vois bien, je t’ai fait de la peine.

— Eh bien, oui, là… Si tu le rencontres… ne songe pas aux ordres de ta souveraine…

— Ne plus songer ?…

— Je t’en prie… Aucune impératrice ne m’en avait donné à moi, et pourtant… pourtant…