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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

rouges tombent sur les dalles avec un clapotis affolant.

Log esquisse un nouveau signe.

Les bourreaux abandonnent un instant le jeune homme. Ils vont se ranger auprès de Mona.

Ils lèvent le bras gauche de la jeune fille, appliquent la main sur le bras de la croix, placent le clou d’acier au centre de la paume de la main mignonne. L’homme au marteau soulève l’outil de douleur… Il est prêt à frapper.

Et tout à coup, c’est un râle, c’est un cri d’agonie qui fige tous les assistants :

— Non, pas elle… pas elle !

Tous considèrent Dodekhan dont les lèvres répètent :

— Pas elle !… Pas elle !

Il n’a plus d’orgueil, plus de vaillance. Son visage convulsé dit la démence presque.

Il frissonne, il grelotte d’épouvante.

La douleur qu’il a stoïquement supportée lui apparaît intolérable maintenant qu’elle va s’abattre sur Mona.

Un sourire triomphant éclaire la hideur de Log.

— Tu parleras ? dit-il lentement.

— Oui.

— Sur ton honneur ?…

— Sur mon honneur… aux conditions que m’a fixées le duc de la Roche-Sonnaille.

— Je les connais, et elles sont acceptées.

C’est tout.

On détache Dodekhan… Un serviteur panse sa blessure… Des musiciennes appelées aussitôt, emportent Mona qui a perdu connaissance, succombant à ces émotions répétées.

Et Log transporté, dit, avec une bonne humeur effrayante chez un tel homme :

— Allons, monsieur le Duc, je suis en train de devenir votre ami… Du diable, si j’aurais pensé pouvoir ressentir de la sympathie pour un Européen !… Mais vous m’avez habilement servi… Je ne l’oublierai pas.

Il est passé, idole barbare et contrefaite, chevauchant sur l’épaule de l’herculéen San.

Les gardes, les bourreaux se sont éloignés.

Lucien et Sara regagnent seuls la salle affectée aux prisonniers. Ils comprennent que Log a voulu qu’il