des bourreaux, est encore enveloppée de bandes de toile.
— Comme il a dû souffrir ! balbutie Mona, sans avoir conscience qu’elle exprime tout haut l’impression dont son cœur saute éperdument dans sa poitrine.
— Et Lucien… Lucien !
C’est la voix haletante de Sara qui jette ce nom !
Lucien se montre, en effet, après Dodekhan.
Le duc de la Roche-Sonnaille est souriant, et cependant son sourire épouvante sa jeune femme.
Qu’y a-t-il donc de terrible dans ce sourire ?
Elle ne saurait le dire, mais elle sent, elle est sûre que dans l’esprit du jeune homme se passe une pensée effrayante ; une angoisse l’étreint.
Mais les deux jeunes gens sont arrivés devant la table, de l’autre côté de laquelle trône, nain effrayant et difforme, le torse de Log.
Et lui a élevé la voix :
— Dodekhan, dit-il lentement… tu as eu connaissance de la dépêche annonçant l’arrivée en France…
Le Turkmène ne le laisse pas achever :
— Tu as tenu scrupuleusement ta promesse, Log, je le reconnais… à mon tour, je vais tenir la mienne.
— Sans restriction ?
— Pourquoi cette question ?… Tu as ma parole.
— C’est vrai.
— Note avec soin ce que je vais t’enseigner, car je ne pourrai plus ensuite le répéter.
— Pourquoi ? demanda l’organe de Log.
— Parce que, pour sauver celle que j’aime, répond doucement le Turkmène, j’ai sacrifié l’honneur… je dois payer avec ma vie.
— Il veut mourir, non, non… Dodekhan ne meurs point ! gémit Mona éclatant en sanglots.
Et tandis que Sara, profondément troublée, la serre sur son cœur, là-bas, sur l’écran où rien n’arrive des émotions des jeunes femmes, le Maître du Drapeau Bleu réplique froidement :
— Moi, je ne me tuerais pas… mais chacun conçoit les choses à sa façon… San, prends de quoi écrire et inscris ce que notre ami Dodekhan, notre ami maintenant, veut bien nous enseigner.
Le gigantesque Graveur de Prières a obéi.
Il est assis au bout de la table, la plume levée, prêt à écrire.