Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/119

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— Eh bien, perdre votre pari, n’est-ce pas tout simplement renoncer à la richesse ?

Le généra) courba la tête, et vaincu par la logique du jeune homme, il murmura :

— C’est aussi perdre l’honneur.

Du coup, Emmie s’exclama :

— Ça, c’est trop fort !

Tandis que son cousin trépignait, rugissant :

— L’honneur ! Vous pensez que je me contenterai de cela. L’honneur, pour un pari absurde ! Non, non, je ne vous laisserai pas sacrifier Mlle Sika à un amour-propre inqualifiable ? Vous vous trompez. Seigneur bandit, c’est moi qui vous remettrai le vêtement en question.

Uko se redressa avec une majesté soudaine :

— Ce serait plus qu’un vol. Vous abuseriez d’un dépôt confié à votre probité !

— Voilà qui m’est égal ! J’abuserai du dépôt, et avec enthousiasme encore.

— Vous me tuerez auparavant !

Tibérade se prit la tête à deux mains, totalement hébété, par la résistance du Japonais, inexplicable. Et sans en avoir conscience, il prononça, exprimant ainsi le tréfonds de sa pensée :

— Mais cet homme est fou !

Ce à quoi Midoulet, qui avait suivi la scène avec un intérêt non dissimulé, répliqua en écho :

— Je comprends, je comprends tout… Le vêtement introuvable. Parfaitement ! Il avait quitté les valises du général pour passer dans celle de Monsieur !…

Il parut chercher un nom. Sans hésiter, le jeune homme répondit :

— Marcel Tibérade, docteur en médecine, ès sciences physiques et droit, lequel donnerait sa vie pour Mlle Sika, et qui, à plus forte raison, donnera ce pantalon, bien qu’il ne lui appartienne pas.

— Je vous l’interdis absolument gronda Uko avec une rage désespérée.

Marcel ne parut même pas l’avoir entendu. Il reprit, s’adressant toujours à Midoulet :

— Il est à bord, dans ma valise. Je rejoins la voiture qui nous attend, je me fais conduire au port,