Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/12

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— Tu n’as rien à craindre en restant Véronique, lui glissa à l’oreille son ami. La défunte s’appelait pour la Préfecture Virginie Honorat, ainsi qu’il appert du procès-verbal de repêchage de son corps.

— Moi, conserver ce nom ?…

— Il le faudra bien pour ton salut. L’étiquette Pierre Cruisacq est aussi dangereuse que la barbe noire dont j’ai fait le sacrifice afin de modifier mon apparence.

— Comment ! En quoi !

— En ceci, mon bon, que notre matériel de faux monnayeurs ayant été saisi dans notre logis de la rue des Saules, les deux locataires : toi et moi, sommes également incriminés.

— Mais je crierai mon innocence. Je prouverai que j’ignorais…

— On ne te croira pas ; mes associés ont décidé, en vue de déterminer ta discrétion, de t’accuser au cas où une parole malheureuse mettrait sur leurs traces…

— Toi, tu diras…

— Rien du tout, j’ai promis. Après tout, tu as le meilleur asile. De quoi te plains-tu ?

Puis, coupant court aux récriminations de la pseudo-jeune fille :

— Je devais te prévenir. Ce devoir d’amitié rempli, trouve juste que je songe à ma sûreté. Au revoir, sans rancune, et surtout… silence ! Le sort de la Véronique réelle t’indique que mes compagnons ne badinent pas.

Et sur cette dernière indication, donnée d’un ton qui fit grelotter son ami d’épouvante, il s’éloigna d’un pas alerte, sonna l’ascenseur, s’y engouffra et disparut.

Pierre restait seul dans le bureau-logette.

Il ne faisait plus un mouvement.

Son visage enfoui dans ses mains élégantes et soignées, la clarté électrique permettait de le constater, le malheureux sentait ses idées cavalcader dans son cerveau.

Véronique, la mort de l’infortunée, l’accusation de fabrication de fausse monnaie, la main de la justice