Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/138

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reur des situations obscures, et elle allume l’électricité. Général, je tourne le commutateur… Vous avez deviné juste. Marcel a un motif grave pour vous restituer un vêtement… compromettant.

— Compromettant, glapit le général.

Elle arrêta net la récrimination :

— Ce que je dis ne saurait atteindre cet objet dans son honneur, ni vous dans le vôtre !

— C’est heureux !

— Tout à fait heureux, car je puis dès lors parler sans réticences. Marcel continuerait à se dévouer, s’il croyait travailler au gain d’un pari.

— Comment, s’il croyait, il me semble que ma parole…

— Est l’esclave du devoir diplomatique, général. J’ai appris cela dans la vie de M. le cardinal de Richelieu : « Un ambassadeur, dit cet homme d’État, doit tout sacrifier à la réussite de sa mission ; un faux serment qui coopère à ce résultat devient de ce fait une action louable. » Je suis certaine que vous pensez de cette façon.

— Qui vous fait supposer ? bredouilla l’officier désarçonné par le coup droit que lui portait la fillette, avec une opportune application des auteurs étudiés sous la direction de son cousin.

Elle répondit du tac au tac :

— Célestin Midoulet, du service des Renseignements de France, un homme qui accomplit son devoir et que nous avons pris pour un bandit.

— Ambrosini ?

— Oui… Vous comprenez, général, que mon cousin renonce ; car il se trouverait pris dans la pince d’un dilemme : Être traître à son pays, ou déloyal à votre égard.

Cette fois, Uko resta muet. Il baissa la tête, parut réfléchir, puis d’une voix sourde :

— Alors, nous nous quitterons à Port-Saïd ?

Une angoisse contracta le visage de Tibérade. Pourtant, il répliqua avec fermeté :

— Oui, ma valise reprise aux Messageries, le vêtement entre vos mains, je retournerai en France.