Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sans aucun doute, la fillette tenait en réserve une formidable espièglerie, car Sika, lui ayant demandé à voix basse :

— Vous êtes sûre de réussir ?

Elle répondit avec une gaieté si communicative, que son interlocutrice fut prise de fou rire :

— J’ai dans ma poche le gage de la victoire, miss Sika.

— Dans votre poche ?

— Oui… Avant le départ, j’ai fait un saut en ville, pour acheter du fil, dit-elle en montrant sa manche décousue.

— Et après ?

— Eh bien, j’ai acheté le fil… C’est un fil à couper la piste d’un fugitif.

Riant toujours, Sika l’interrogea encore ; mais Emmie secoua la tête :

— Vous saurez tout, le moment venu ; je veux vous donner le plaisir de la surprise.

Il fut impossible à la Japonaise d’amener sa compagne à s’expliquer davantage.

Nul vent ne soufflait. Le vieux Neptune, comme disaient jadis les Hellènes, se montrait un amour de dieu marin.

La mer, suivant l’expression des matelots, était d’huile. Aussi la nuit fut-elle paisible. Les passagers dormirent à poings fermés, laissant à Orregui, le mécanicien, et à Batistillo, le mousse du canot n° 2, le soin de diriger l’embarcation.

Tomaso et Picciolo étaient restés à La Canée afin de remettre le n° 4 en état de retourner à Brindisi, son port d’attache.

Tout le jour suivant, on navigua. Midoulet causait agréablement.

Un personnage non prévenu n’aurait jamais cru qu’il tenait le général en filature.

Emmie se multipliait, heureuse en apparence, de préparer elle-même le thé parfumé dont tous s’abreuvaient.

Et en petite Française, grandie au sein d’une démocratie, elle n’oubliait jamais, dans sa distribution, Orregui et Batistillo, qui, dans leur langue sonore de