Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/180

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fer autour de ses hanches, sous sa jupe. L’objet en litige caché ainsi à tous les yeux, elle reprit tranquillement la place qu’elle occupait au moment du petit déjeuner. Elle ferma les paupières, feignant de dormir comme ses compagnons de voyage. Ceci lui avait été conseillé par Emmie, avant que cette dernière entrât en conflit avec M. Dolgran.

Absente, l’esprit de la petite Parisienne réglait encore la conduite de son amie.

Celle-ci, donc, feignit de dormir.

Seulement, quiconque se fût penché vers elle, eût vu ses lèvres s’agiter et aurait perçu ces paroles, chuchotées doucement :

— Pour nous séparer, il faut que M. Marcel rende à mon père le vêtement mystérieux. Pour qu’il le rende désormais, il faudra que je le lui remette… Je suis donc assurée qu’il ne le rendra jamais, chère et malicieuse Emmie, à moins que…

Elle coupa là sa phrase et elle entreprenait, à part elle-même, l’éloge de la fillette en mille points, quand Midoulet s’agita, bâilla, puis bredouilla d’une voix indistincte :

— Ah çà ! Où sommes-nous ?

Du coup, la jolie Japonaise crut pouvoir simuler un réveil pénible.

— Toujours en mer, je pense… et cependant le bateau est immobile.

— C’est exact, reconnut l’agent sans méfiance.

Tous deux regardèrent à travers les vitres de la cabine. Tous deux dirent ensemble, mais avec des étonnements différents :

— Un port !

Le mot sembla tirer les autres dormeurs de leur immobilité.

Uko ouvrit les yeux à son tour et entra dans la conversation

— Ah çà ! J’ai dormi ; c’est inconcevable !

— Moi aussi, moi aussi !

— Voilà qui est étrange ! Nous dormions donc tous !

Tibérade, l’air décontenancé, avait formulé cette judicieuse réflexion.