ment, ils eussent compris la précarité de leur alliance.
Célestin Midoulet soliloquait :
— Je préfère ne pas perdre de vue l’escorte du « document japonais ». Cette fois, de gré ou de force, je mettrai la main dessus, et du diable si la petite Anglaise en a connaissance autrement que sur la permission de mes chefs du service des Renseignements !
Et Pierre, resté seul avec Lydia, ayant murmuré :
— Chère lady, ne jugez-vous pas imprudent de laisser l’agent Midoulet libre de ses mouvements ?
Le rire argentin de Lydia palpita dans l’air, comme le chant de l’alouette, dont le vol tournoyant monte vers le soleil matinal.
— De tout ce que nous savons, fit-elle enfin avec l’autorité d’un professeur en chaire, d’un professeur qui serait très joli, de tout cela résulte pour moi la conviction que ni les Japonais, ni leurs amis français, ne veulent que le document tombe aux mains de l’agent en question.
— Pas davantage dans les nôtres, mistress Lydia.
— Je vous l’accorde, ami cher. Je suis si totalement imbue de l’idée exprimée par votre affection…
Elle devint toute rose en prononçant ce vocable, puis elle reprit, les paupières abaissées, prise d’une crise de modestie que rien dans la conversation ne semblait motiver :
— Si imbue de l’idée, vous savez, que j’ai été la première à inciter notre rival à se lancer à la poursuite des braves gens qui vont assiéger le palais de master Ahmed.
— Je m’en suis aperçu, seulement permettez-moi de vous avouer…
Elle encouragea gracieusement son interlocuteur.
— J’entendrai avec un plaisir grand l’aveu que vous souhaitez.
— Eh bien, ma chère affectionnée mistress, je ne comprends pas l’avantage d’envoyer ce Midoulet au milieu des détenteurs du vêtement mikadonal, alors que nous nous tenons à l’écart.
Une fusée rieuse fut la réponse de Lydia. Pourtant, elle redevint sérieuse et murmura :
— Voyons, ami ; on se méfie de l’ennemi que l’on