Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/333

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rante de l’inintelligence de son interlocuteur touchant l’idée de la tendresse volontaire et non contrainte.

— Les femmes de ma race, prononça-t-elle lentement, parvenant par un effort héroïque à assurer sa voix tremblante, les femmes de ma race ne ressemblent pas aux filles de Perse. La contrainte les révolte : seules, la douceur, la persuasion trouvent le chemin de leur cœur.

Il frappa du pied violemment.

— Dites aussi qu’elles démontrent une insigne mauvaise foi.

Elle l’interrogea du regard, surprise par cette réplique inattendue.

— Vous parlez de douceur, de persuasion. Vous les avez dédaignées tout à l’heure. Ne vous ai-je pas offert mes richesses, mes esclaves ?…

— J’ai repoussé cette offre généreuse, gémit-elle, vaincue par la logique de son adversaire, parce que la présence de mon père me serait plus douce que tout.

— J’ai dit cette présence impossible.

Cela fut sec comme un coup de stylet.

Et comme elle allait implorer encore, le prince conclut rudement :

— Le temps est le plus précieux des auxiliaires. Vous-refusez d’être l’épouse, dispensatrice souveraine de mes trésors, de mes biens. Vous seule perdrez au change. Vous serez une captive adulée, sans doute, mais une captive. Un palais dont on ne peut sortir n’est qu’une prison. Bientôt vous soupirerez après la liberté. J’attendrai cet instant. J’attendrai. Gardez-vous de me faire arriver à l’impatience.

Sur ces paroles il quitta la salle, abandonnant la jeune fille au plus morne désespoir.

— Ah ! gémit-elle, mon sort est-il donc fatalement de n’échapper à un péril que pour être précipitée dans un autre ? Ma tête se perd. Le bûcher là-bas ; ici, un sauveur qui me torture. Quel anathème a donc marqué mon front ?… Pourquoi, oui, pourquoi cet homme m’a-t-il arrachée à l’incendie du palais de Mohamed, le Druse ?

Brusquement, elle ressentit une épouvante. Elle secoua la tête en une dénégation ardente, balbutiant :