Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/377

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Piffenberg, il se multiplia, aida les jeunes filles à monter dans l’aérobus, les installa sur la dernière banquette, avec force explications.

— Cette banquette est sensiblement sur l’axe latéral de l’appareil. Les mouvements du tangage y sont donc réduits au minimum. Pour tout dire, on ne les perçoit pas.

Puis ce fut le tour d’Uko et de Marcel, auxquels il fit occuper le siège immédiatement précédent.

Midoulet, lui, s’installa tout seul sur la troisième banquette, c’est-à-dire la banquette médiane.

Et le consul s’agitait avec des sourires, des ronds de bras. Ah ! le brave homme, combien il paraissait heureux de se consacrer à ses hôtes, inconnus tout à l’heure, et qui à présent se sentaient entraînés vers lui par une sympathie grandissante.

Toujours au trot, Frantz revenait, flanqué de deux pilotes, vêtus de complets cuir, le chef couvert de passe-montagnes de tricot, les yeux voilés par de larges lunettes aux verres teintés en jaune.

Ces derniers offraient un contraste réjouissant. L’un petit, frêle, gracieux, devait être un tout jeune homme ; l’autre, de taille assez élevée, le dominait de toute la tête. Et cependant ce fut le petit qui occupa le fauteuil du pilote, tandis que son compagnon s’asseyait sur la première banquette. Dans un souci de politesse sans doute, celui-ci s’installa de façon à faire presque face aux voyageurs.

— De la prudence, n’est-ce pas ? recommanda le comte. Ces jeunes dames ne se soucient pas d’acrobaties.

Le petit pilote inclina gravement la tête, et immobile à son poste, parut attendre que le consul donnât le signal du départ.

Chez tous, une émotion délicieuse se développait. Si brave que l’on soit, si grande confiance qu’inspire un appareil, ce n’est jamais sans émoi que l’on se prépare à affronter l’altitude. La nature a fait de l’homme un terrien, destiné à demeurer en contact avec le sol. L’homme a voulu être oiseau. Il y est parvenu, mais son tempérament propre se rebelle contre sa volonté qui lui fait affronter les abîmes de l’atmosphère.