Puis d’une voix retentissante :
— Le seigneur Midoulet !
De toute évidence, le courrier avait hâte de quitter la place, car à cette annonce il se pencha du côté de l’agent, et, de toute la longueur de son bras, lui tendit un pli constellé de cachets.
Et l’agent l’ayant pris curieusement, le messager joua de l’éperon avec rage, ce qui incita sa monture à partir au galop. Quelques secondes plus tard, quadrupède et cavalier avaient disparu à l’angle d’une rue voisine.
Cependant, Célestin brisait les cachets, dépliait la feuille de papier sur laquelle s’alignaient des caractères élégants.
Mais à peine y eut-il jeté les yeux qu’il subit une commotion. Un cri de rage jaillit de ses lèvres, et au profond ahurissement du kawas, il s’élança à une allure folle dans la direction du golf.
Ces mouvements, insensés d’apparence, s’expliqueraient par la teneur de la missive que Midoulet avait pensé venir du consulat de France.
Voici ce qu’il avait lu :
« J’avais eu la première manche à Port-Saïd ; vous eûtes la seconde à Beyrouth.
« Je crois bien qu’à cette heure je tiens la belle !
« Quand vous parcourrez cette lettre, que j’ai grande satisfaction à vous écrire, je serai très haut et très loin avec M. l’ambassadeur Uko et sa suite.
« L’aéroplane est seul de son espèce en Perse. Donc, vous ne nous poursuivrez pas.
« Laissez-moi vous affirmer mon regret d’être contrainte par votre obstination à agir aussi incorrectement, et croyez à ma considération.
Le voici sur le golf.
Trop tard. Le comte Piffenberg, les secrétaires, les kawas sont là, le nez en l’air, regardant un point noir qui se déplace avec rapidité au plus haut du ciel.