Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/381

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plus encore peut-être la mémoire de ses jolis yeux, l’incitèrent à la diplomatie.

Aussi répondit-il, du ton le plus gracieux :

— À Karta, en effet ; sa Grâce le général Uko désirait atteindre rapidement ce port de mer. Je me suis fait un plaisir de mettre l’aéroplane du consulat à sa disposition.

Midoulet se mordit les lèvres. Le comte lui apparut de connivence avec Lydia. La sémillante Anglaise avait certainement la même idée que lui, Célestin : faciliter le voyage du Japonais, afin de connaître le destinataire du singulier envoi du mikado.

Avec colère, il constatait que la jeune femme avait réussi à dissimuler sa personne à ceux qu’elle filait. Parbleu ! le pilote, ce petit pilote à la démarche gracieuse, c’était elle. Elle emportait ses « clients » à la vitesse de cent cinquante kilomètres à l’heure, tandis que lui-même perdait son temps en face de ce consul aveuglé.

Pas à hésiter. Se ruer vers Karta par les moyens les plus accélérés. Aussi prit-il congé du comte Piffenberg avec une hâte trépidante. Il parcourut la ville en tempête, loua au poids de l’or un chameau de course, se percha sur la bosse du dit et, à l’allure dégingandée de cette monture, il galopa vers Karta, à travers les vergers, les bois d’orangers aux fruits d’or, de dattiers brunis par les régimes savoureux, qui s’étendent en bordure de l’Euphrate, entre Bassorah et la mer.

À Karta, un élégant steamer se balançait aux houles de la rade, le pavillon japonais flottant à la poupe. D’instinct, Midoulet pressentit que le navire était là pour transporter l’ambassadeur.

Un canot loué aussitôt le conduisit à bord. Il s’y présenta comme un ami du général, conta les embûches tendues par une espionne britannique, l’enlèvement du plénipotentiaire en aéroplane, etc.

Ses suppositions se trouvèrent confirmées. D’abord défiant, le commandant du bâtiment fut bientôt convaincu de la véracité de son interlocuteur, ce qui faisait honneur à sa perspicacité ; car si Célestin lui cachait une part de la vérité, il lui narrait des faits rigoureusement exacts.

Tant et si bien que l’officier nippon le pria de de-