Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/383

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L’aéroplane montait toujours. Le manomètre marquait mille, quinze cents, deux mille mètres d’altitude.

À cette hauteur, le mouvement d’ascension fut enrayé, et l’appareil se prit à se déplacer dans le plan atteint avec une vitesse vertigineuse, trahie par le vent qui sifflait aux oreilles des passagers.

Il se dirigeait vers le sud-ouest !

N’ayant pas de boussole sous les yeux, les amis de l’ambassadeur n’eussent pas dû se rendre compte de l’étrange itinéraire suivi par l’appareil volant ; seulement le paysage se développant sous leurs pieds leur fournit des indications qui les surprirent.

D’abord, ils avaient admiré Bassorah, les vastes plaines avoisinantes que l’Euphrate sillonnait de son ruban d’argent.

Puis vers le sud, ils avaient discerné la mer, les côtes du golfe Persique. Peu à peu, les rivages avaient disparu, les terres fertiles également. À présent, l’aéroplane voguait au-dessus d’étendues fauves.

— Un désert, murmura Tibérade.

— Quelle belle couleur offre le sable inondé de soleil ! riposta sa petite cousine.

Uko et Sika, tout au spectacle, ne tournèrent même pas la tête. Pourtant leur attention fut appelée par cette remarque d’Emmie :

— Voyons, Marcel, ce n’est pas le désert qui te fait froncer les sourcils ?

— Si. Voici deux heures que nous avons quitté Bassorah, et nous volons vers le sud-ouest. La vue de la mer m’a permis de m’orienter à peu près. Nous devons planer sur la partie orientale de l’Arabie déserte. J’estime qu’il serait temps de virer pour rentrer à Bassorah.

— Eh bien, mais il suffit de le dire au pilote.

Emmie se trompait, car Marcel eut beau crier au mécanicien de revenir en arrière, l’homme ne parut même pas l’entendre.

Peut-être, après tout, ignorait-il les beautés de ta langue française. Sur cette idée, énoncée par Sika, tous mirent en commun les idiomes dont ils pouvaient user. L’anglais, l’allemand, l’italien sonnèrent dans le silence, troublé seulement par le bourdonnement du moteur.