Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/414

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sans rien perdre de sa politesse, l’interlocuteur du général répliqua :

— Ne croyez pas cela.

— Comment ? Que je ne croie pas !…

— La force est de notre côté. Nous serions désolés d’y avoir recours ; mais nous n’hésiterions pas. Les ordres de l’Amirauté sont précis. Il faut que vous passiez sur le Dunlovan.

Le ton de l’officier était sans réplique. Les voyageurs comprirent que, dût-il couler le bâtiment japonais, le commandant du croiseur britannique n’admettrait aucune résistance.

Et Tibérade traduisait l’impression de tous lorsqu’il murmura :

— Hors d’état de lutter, on se soumet, général. Après tout la mistress Lydia seule savait que le vêtement si maltraité par Midoulet n’était pas le vrai. C’est à lui que l’on en veut sûrement… Eh bien ! vous vous référerez à l’agent français laissé à Bassorah. Il n’a rien découvert ; les Anglais ne seront pas plus heureux.

L’ironie enclose en ces mots apaisa le Japonais. Un sourire passa sur sa face safranée, et il déclara avec calme :

— Monsieur l’officier, mes amis et moi sommes prêts à vous suivre.

Sur ce, passagers et bagages descendirent du pont du steamer dans la chaloupe anglaise. Le lieutenant de vaisseau allait les y rejoindre, quand M. Asaki l’arrêta.

— Et moi, suis-je libre de poursuivre ma route ?

— Oui, monsieur, à la condition qu’elle vous entraîne dans une direction perpendiculaire à la marche du Dunlovan.

— Quelle sera cette direction ?

— Vous le verrez d’autant mieux que vous vous souviendrez que le Dunlovan porte huit canons de trois cent cinquante millimètres, dont les projectiles sont extrêmement dangereux pour les navires tels que le vôtre.

Et raide, gourmé, le lieutenant descendit dans sa chaloupe, laissant M. Asaki furieux (on connaît l’âme japonaise alors qu’elle est contrariée) et furieux exceptionnellement, car il lui apparaissait