Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/42

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gante et maniérée, au demeurant tout à fait charmante.

— La dame du 102, bégaya la fausse camériste : mistress Honeymoon.

Et apercevant la porte de communication, ouverte comme tout à l’heure celle de Midoulet, elle reprit :

— Ah çà ! tous les voisins se sont donc donné le mot pour se promener chez mes patrons.

Elle avait prononcé la phrase à haute voix. Mistress Honeymoon eut un délicieux sourire, et, avec un imperceptible accent anglais, qui assurait à son langage un charme de plus, elle expliqua d’une voix douce, musicale :

— Non, non, pas donné le mot. Le monsieur de l’autre côté, il doit ignorer notre entente.

— Notre entente ? répéta Véronique au comble de l’ahurissement.

— Oui, j’ai entendu votre conversation avec lui.

— Ah bah !

— Et vous me direz toutes les actions du général et de sa fille, avant de les dire à l’autre personnage.

— Avant, avant… ça ne sera pas toujours facile.

— Il faut que cela soit. Lui ne sait pas l’histoire que votre ami vous a contée l’autre soir dans le couloir. Moi je sais, de ma chambre avec un microphone, je n’ai pas perdu un mot : fausse monnaie, assassinat de Véronique…

Pierre poussa un gémissement de détresse.

Mais son interlocutrice posa sur son bras sa main fine, aux ongles roses :

— Ne vous jetez pas dans l’émotion. Je sais aussi votre innocence. Et je la proclamerai le jour où je n’aurai plus besoin de vos services.

— Oh ! madame.

— Alors renseignez-moi… pour l’Angleterre.

Sur ce, elle rentra au 102, tandis que le jeune homme se prenait la tête à deux mains en gémissant :

— Trois patrons ! J’ai trois patrons à satisfaire !