Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/75

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Les voici dans la cour de la gare ; ils prennent une des voitures en station, et se font conduire à l’hôtel Cannebière, désigné naguère par le général.

Cet hôtel, confort moderne, chauffage central, électricité, ascenseur (lift), etc., est situé à l’extrémité de la voie célèbre, à laquelle il a emprunté son nom, et a vue sur le vieux port, si pittoresque, avec ses navires de toutes nationalités, ses quais bordés de hautes maisons, aux physionomies originales, et sillonnés d’innombrables tramways, emportant les voyageurs aux quatre coins de la grande cité commerçante.

Le chef de réception, très correct, les reçut avec tous les égards dus à des voyageurs de marque.

Et c’était justice, car à l’énoncé de leurs noms, il s’écria :

— Vos chambres ont été réservées sur télégramme de Paris. Premier étage : numéros 4 et 6.

— Bien ! dit Marcel, comprenant que le général s’était, en cette occurrence, transformé en fourrier.

— Nous avons également réservé, continua le chef de réception, les chambres 1 et 3, sises en face de celles qui vous sont destinées.

— Bon, murmura Emmie pour elle-même, le général et sa charmante fille seront nos vis-à-vis. Commode si l’on a à échanger quelques paroles, à l’insu des curieux.

Un garçon d’étage voulut prendre la valise des mains de Tibérade.

Mais celui-ci lui fit signe qu’il désirait la porter lui-même.

— Ah ! plaisanta encore Emmie… Ne pas se séparer de l’objet précieux, ce célèbre vêtement.

Puis, par réflexion :

— On voit bien que les Japonais sont les Anglais de l’Asie. A-ton idée d’un pari semblable ! Se promener, autour du monde avec un pantalon que l’on fait porter par un autre.

Mais ses réflexions furent interrompues. Le garçon avait sonné l’ascenseur, et le chef de réception exigeait que les voyageurs y prissent place, encore qu’ils n’eussent à atteindre que le premier étage.