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Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/82

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est plus, à redouter, qu’un agent tout à fait inconnu de nous…

— Vous croyez donc ?

— Que, celui-ci écarté, un autre surgirait.

— Alors, on le laissera s’embarquer demain matin sur le paquebot Shanghaï ?

— Il ne se doute probablement pas que nos cabines sont retenues.

— Je vous demande pardon. La sienne l’est aussi.

— Vous en avez la certitude ?…

— Il me l’a donnée lui-même, sans se douter que je l’entendais.

Du coup, Sika se prit la tête à deux mains, dans un grand geste désolé qui disait son désarroi et l’oubli du souci de l’édifice gracieux de sa coiffure.

— C’est un démon, gémit-elle. Il a retenu sa cabine, alors que nous pensions notre départ ignoré de tous. Et ici, ici même, comment a-t-il pu voler mon père ? Ma servante Véronique affirme qu’elle n’a pas quitté notre appartement de la journée.

— Oh ! à l’heure des repas…

— Elle a déjeuné dans ma chambre, et les domestiques, d’étage déclarent qu’elle ne s’est pas absentée.

Sika s’arrêta. Emmie secouait la tête d’un air mécontent.

— Vous ne me croyez pas, Emmie ?

— Si, si, seulement je désirerais vous adresser une question.

— Faites, je vous prie.

— Je profite donc de la permission. Êtes-vous sûre de votre camériste ?

— Sans doute. Pourquoi la suspecterais-je ?

— Parce que, si elle dit vrai, et qu’elle n’ait pas bougé de vos chambres, il est matériellement impossible qu’elle n’ait pas vu le voleur.

À cette affirmation d’une irréfutable logique, Sika eut un sursaut, mais se ressaisissant aussitôt :

— La nuit dernière, mon père n’a pas vu son voleur, et cependant il est demeuré dans son compartiment-lit.

Et comme les deux jeunes filles gardaient le silence, impressionnées par l’habileté déconcertante du vo-