Au surplus, Fann devait être surpris par la brièveté de sa faction.
Brusquement, les hautes portes vitrées accédant au hall du festin s’ouvrirent, laissant arriver dans la rue le bourdonnement confus de bravos et d’acclamations. Et le détective considéra avec étonnement deux hommes dont la silhouette s’encadrait dans l’ouverture béante.
C’était Larmette en personne, accompagné d’un inconnu. Grand, vigoureux, la face au teint pâle soigneusement rasée, ce dernier s’avançait, avec la préoccupation évidente d’avoir une attitude distinguée, réussissant seulement à donner une expression de morgue et de raideur.
Dick Fann dut saisir ces nuances d’un rapide coup d’œil, car les deux hommes vinrent droit à lui, s’arrêtèrent à deux pas de sa personne, et avant qu’il fût revenu de la surprise provoquée par cette manœuvre inattendue, le joaillier lançait ces paroles qui portèrent au paroxysme l’ahurissement du détective :
— On ne vous avait pas trompé, M. Greggson, voici bel et bien le premier détective du monde, l’incomparable Dick Fann.
Greggson ! Le nom fit sursauter l’Anglais. Ce nom lui révélait que le compagnon de son adversaire n’était autre que l’un des plus hauts fonctionnaires de la police new-yorkaise.
Que signifiait cette présentation ?
Comme pour répondre à cette question intérieure, le bijoutier continua :
— Pareille rencontre est une véritable faveur du sort, à l’instant où se présente cette inexplicable affaire.
— Quelle affaire ? demanda le détective, comme malgré lui.
Cette fois, ce fut M. Greggson qui répondit :
— Oh ! une affaire stupide, ridicule… mais qui intéresse des milliardaires de la 5e Avenue. Vous concevez… des citoyens de cette valeur ne sauraient être molestés impunément… et cela a l’air de l’œuvre d’un fou, ma parole !… Rien ne motive la chose, ne permet d’y accrocher une déduction logique… Pour tout dire, entre nous, on peut parler franc, n’est-ce pas, le service n’y comprend rien.
— Et vous souhaitez mon concours ? grommela Dick Fann.