— Elle serait donc morte ?… reprit Mrs. Lodgers avec épouvante.
— Hélas !… Elle l’était avant notre arrivée… Rien ne s’oppose donc à ce que vous accueilliez ma requête, car le premier devoir est de trouver son assassin.
Les regards de la jeune femme dirent l’interrogation ardente.
— L’auriez-vous découvert ?
— Non, madame. Mais je sais où je le prendrai.
— Vous ?
— Où je le prendrai, répéta le détective, si vous consentez à m’aider en écrivant la lettre que je sollicite de votre bienveillance.
Arrêtant l’exclamation prête à jaillir des lèvres de son interlocutrice, il acheva :
— Refuserez-vous ?
Elle s’indigna :
— Refuser, quand il s’agit de venger cette malheureuse fille ! Je lui étais attachée. Je ne suis pas de ces gens qui n’ont aucune affection pour leurs serviteurs.
Elle se dressa sur ses pieds.
— Venez dans mon private parloir… J’écrirai ce que vous voudrez.
Pour toute réponse, le jeune homme ouvrit la porte de la pièce désignée, où il avait pénétré d’abord en compagnie de Mrs. Lodgers.
Comme si l’idée du devoir avait remis en place les nerfs de la jolie femme, celle-ci alla vers un secrétaire, bijou sorti naguère des ateliers de Boulle, et prenant une plume, attirant un papier à son chiffre devant elle :
— Vous plaît-il de dicter ?
— Merci de me le permettre, madame. Les instants sont précieux. Je dicte donc, sans vous exprimer plus longuement ma gratitude.
Et lentement, il prononça ces paroles, que la jeune femme transcrivit au fur et à mesure sur son papier :
« Un désastre. Ma femme de chambre Edith, assassinée chez moi, en défendant mon manteau gris. Il y a une fatalité sur ces manteaux… Et le fou qui nous persécute court toujours.
« Auprès de ce malheur, l’ennui dont je vous viens