Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/135

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soirée, arriva à Mulberry street, son cabinet était vide.

En son bureau, une feuille de papier trahissait seule le passage de Dick Fann.

Elle portait ces lignes :

« Je commence enquête dans tous les milieux s’occupant spécialement de la folie. Vous ne me verrez probablement pas de plusieurs jours. Veuillez cependant, chaque après-midi, communiquer aux journaux l’une des notes ci-dessous. Il y en a dix. Cela m’assure donc dix jours de liberté. »

Suivait le texte de dix notes rendant compte d’une enquête policière de fantaisie, chacune contenant une ou plusieurs fois le nom de Dick Fann, le célèbre détective anglais.

Qu’était devenu le personnage lui-même ? Nul ne put l’apprendre à M. Greggson, absolument affolé par ce nouveau mystère.

Personne n’avait vu sortir le détective. La porte, à l’arrivée de l’Américain, était d’ailleurs fermée au double tour, il s’en souvenait.

La croisée, il est vrai, était entr’ouverte.

Mais elle se trouvait au troisième étage, à plus de quinze mètres du trottoir. Au dehors, le long de la muraille nue, courait une corniche large d’un pied à peine. Greggson ne soupçonna pas une seconde que, pour dépister tout espionnage, Dick, vers deux heures du matin, s’était engagé sur ce chemin périlleux ; qu’ainsi, risquant d’être précipité à chaque pas, se collant à la muraille unie qui ne lui offrait aucune prise, aucun point d’appui, il avait cheminé durant plus de vingt mètres, atteignant enfin une échelle de couvreur, escaladant la toiture d’une maison voisine, et qu’après un voyage périlleux sur les toits, il était redescendu par la lucarne d’une mansarde inoccupée dans un immeuble s’ouvrant sur une rue voisine.

Sans doute, le détective, pour risquer pareille aventure, avait un intérêt bien puissant à faire perdre sa trace.

Quoi qu’il en soit, Greggson demeura absorbé, ne comprenant rien à l’aventure. Tout le jour, il se creusa la cervelle à l’effet de s’expliquer « la volatilisation » de Dick. Ni lui, ni personne, ne revit l’Anglais.