Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/150

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traces laissées sur le Herald quotidien par des ongles émus, qu’un crime commis à New-York avait agité les fibres sensitives de la femme de chambre. L’article indiqué à la perspicacité des curieux camarades de domesticité, était ainsi conçu :

« La police ne prend pas souvent les criminels ; mais les criminels viennent parfois à bout des policiers.

« Hier matin, dans un chantier de démolitions situé près de Saint-Mary’s Park, dans le quartier de Bronx, on a découvert le corps de l’un des agents les plus estimés à Mulberry street. Le malheureux, marié depuis peu, avait succombé à une blessure horrible, le traversant de part en part. Il semble que le meurtrier était armé d’une épée, dont il aurait frappé sa victime par derrière.

« L’idée d’un guet-apens froidement préparé paraît résulter de la teneur d’un papier froissé, découvert dans la poche du défunt.

« Sur cette feuille, une ligne au crayon :

« Venir, onze heures, rendez-vous no 3…

« La victime aurait donc répondu à l’appel d’un individu de ses connaissances. C’est là un précieux indice qui mettra sans doute la police sur la trace du coupable »

Le fait divers était très clair en lui-même, mais en quoi motivait-il les marques d’ongles laissées sur le papier par miss Mathiesel ?

Mystère ! Peut-être les curieux eussent-ils compris que la jeune fille savait bien des choses s’ils l’avaient entendu murmurer :

— C’est l’homme à la barbe fauve… Hermann aurait pu parler, on l’a réduit au silence… Le secret tracé sur la doublure du dernier manteau est donc bien important que l’on supprime ainsi un pauvre diable. Si je ne me retenais, je m’en assurerais cette nuit même. Non, il faut que ce soit lui. Il faut la preuve, et lui seul peut la fournir.

Mais nul n’entendit ces paroles. Vers onze heures du matin, alors que cuisinier et aides se tenaient dans la cuisine, tout à la confection des mets devant figurer au déjeuner de Mrs. Tolham, tandis que cette dernière accaparait les filles de chambre Linna et Lucy pour les soins de sa toilette, Mathiesel, certaine de