Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/165

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rendant compte d’une enquête ultra-fantaisiste entreprise par moi. M. Meulen lit les journaux. Cela le rassurait pleinement. Pendant ce temps, sous le nom de Mathiesel, je me faisais embaucher comme femme de chambre chez Mrs. Tolham, qui détenait le quatrième manteau gris…

— Pourquoi ?

— Pour attendre que M. Meulen vint se dénoncer lui-même.

Le policier américain se prit la tête à deux mains.

— Comment pouviez-vous espérer qu’il viendrait là… à deux heures et demie de New-York ?

— Je n’espérais pas, monsieur Greggson… Je savais qu’il viendrait.

Brusquement, Dick Fann se pencha vers le docteur qui écoutait, les sourcils froncés. Sa main se glissa, rapide, dans la poche intérieure du veston de l’accusé, et reparut tenant un portefeuille et un rouleau d’étoffe blanche.

Un rugissement accueillit le geste, si prompt qu’il ne fut soupçonné qu’une fois terminé. Meulen était debout, les traits contractés, les yeux fous. Il fit mine de s’élancer sur le détective.

Mais déjà celui-ci braquait son revolver sur le médecin.

— Un pas et je vous brûle, monsieur Meulen, fit-il froidement. Vous ne doutez plus que la preuve soit faite, à présent.

Devant Greggson stupéfait, auquel le sens de la scène échappait, le jeune homme sonna. Plusieurs agents se ruèrent aussitôt dans le cabinet. Il leur désigna Meulen.

— Emmenez cet homme, et n’oubliez pas que vous répondez de lui sur votre tête.

Meulen n’opposa aucune résistance. Il se laissa saisir. Il se sentait perdu. Fann le montra du regard à Greggson.

— Vous voyez.

— Mais enfin, s’exclama rageusement l’Américain, m’expliquerez-vous enfin ? Je vois et je ne comprends rien.

Il se mordit les lèvres, cet aveu, en présence de subordonnés, portait atteinte à sa dignité. Fann eut un sourire indulgent.

— Après avoir mené l’instruction de main de maître, fit-il gracieusement, vous subissez un instant de