Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/219

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sur le crime dont il parlait. Fleuriane coupa net son bavardage.

— Mais quelle est la victime ?

— Je ne vous l’ai pas nommée ?

— Non, puisque je vous prie de vouloir bien le faire.

— Et je m’empresse de déférer à votre requête. La victime est de nationalité anglaise. Son nom est Dick Fann.

Fleuriane laissa échapper un gémissement. Elle se cramponna à un meuble pour ne pas tomber.

Seulement, elle était vaillante cette enfant qui, jusque-là, n’avait connu que le bonheur et les sourires de la fortune. Elle tendit ses nerfs, se redressa, et d’une voix profonde :

— Voulez-vous me raconter ce qui est arrivé, si toutefois vos fonctions vous le permettent ?

— Dites qu’elles m’y obligent. Je ne suis ici que pour causer avec vous, car vous connaissez M. Dick Fann ?

— Parfaitement. Il est de mes amis. Mais éclairez-moi, je vous en prie.

— Volontiers.

Ce disant, Ézéchiel Bloomberg écartait les rideaux de l’une des fenêtres s’ouvrant sur la rue.

— Vous voyez en face, de l’autre côté de la rue, l’hôtel du Bon Garçon vert, l’un des plus vastes du monde, la gloire de San-Francisco.

— Passons, je vous prie.

— Oui, passons, bien qu’il soit agréable pour un citoyen de la ville de constater que les cités du Vieux Monde (l’Europe) n’ont point d’installation aussi grandiose. Mais je passe. Remarquez que les fenêtres du rez-de-chaussée, aux moulures tout à fait artistiques, sont garnies de barreaux de fer, afin que les mauvais garçons ne puissent pas pénétrer de la rue chez les clients du Bon-Garçon-Vert.

Il rit bruyamment, heureux de son insipide jeu de mots.

— Or, les deux fenêtres qui avoisinent là-bas l’angle de la rue où l’on répare le trottoir… Ces travaux ont une importance, car l’asphalte a été enlevé pour être remplacé… La terre est à nu, et par conséquent elle conserve les traces…

— C’est entendu, monsieur… Mais les deux fenêtres, disiez-vous ?…